VENDREDI 06 MARS 2015
Amphithéâtre Richelieu – Université Paris-Sorbonne – 12h15
■ Fanny Mendelssohn : Quatuor à cordes en mi bémol majeur
■ Leoš Janáček : Quatuor à cordes n° 2, « Lettres intimes »
QUATUOR VOCE
Sarah Dayn, Cécile Roubin, violons
Guillaume Becker, alto
Lydia Shelley, violoncelle
En quelques années seulement, les Voce remportent de nombreux prix dans les concours internationaux, à Genève, Crémone, Vienne, Bordeaux, Graz, Londres et Reggio Émilia. Ils s’imposent sur les scènes du monde entier, en quatuor et aux côtés d’artistes comme Yuri Bashmet, Gary Hoffman, Nobuko Imai, Bertrand Chamayou, David Kadouch, Juliane Banse... À l’initiative de la Cité de la Musique à Paris, le quatuor est nommé Rising Star pour la saison 2013-2014 par l’European Chamber Hall Organisation (ECHO). Depuis ses débuts en 2004, le quatuor Voce s’attache à défendre le grand répertoire du quatuor à cordes, une ambition pour laquelle il sollicite les conseils de ses aînés (Quatuor Ysaÿe, Günter Pichler, Eberhard Feltz). Son premier disque est consacré à Schubert, il se voit recommandé par le magazine The Strad et obtient les « ffff » de Télérama. Ouverts au monde qui les entoure, les Voce créent régulièrement la musique de compositeurs d’aujourd’hui – Bacri, Cresta, Finzi, Markéas, Mantovani, Moultaka, Looten... Leur curiosité les amène à expérimenter différentes formes de spectacles : ils prêtent leur voix à des chefs-d’œuvre du cinéma muet, de W. F. Murnau à B. Keaton, et partagent leur univers avec des personnalités aussi variées que le musicologue Bernard Fournier, le chanteur et guitariste –M–, la chanteuse canadienne Kyrie Kristmanson, ou le chorégraphe Thomas Lebrun. Enfin, ils ont à cœur de transmettre leur expérience, en enseignant à de plus jeunes quatuors ou en encourageant la pratique amateur dans le cadre de stages. Le Quatuor Voce a bénéficié depuis sa création de nombreux soutiens, parmi lesquels ProQuartet CEMC, le Théâtre de la Cité Internationale, la Fondation Banque Populaire, l’Académie Musicale de Villecroze, l’Institut Albéniz, la Fondation Charles Oulmont. Sarah Dayan joue un violon de Stefano Scarampella (1888), Cécile Roubin un violon de Francis Kuttner (2010), Guillaume Becker un alto d’Aymeric Guillard (2005) et Lydia Shelley un violoncelle de Bernard Simon Fendt (1830).
Note de programme:
Le programme de ce concert propose deux quatuors à cordes composés l’un au cœur du xixe siècle, l’autre au début du xxe, mais tous deux dans la commune recherche de sonorités puissantes et orchestrales, de modes de jeu variés et de lignes mélodiques poétiques.
Cachée à l’ombre de son petit frère Félix Mendelssohn, Fanny manifeste très tôt un exceptionnel talent pour le piano et la composition. Elle a laissé une quantité impressionnante d’œuvres : on en dénombre 400 comprenant des lieder, des pièces pour piano, un quatuor à corde, des cantates et un oratorio. Le Quatuor à cordes en mi bémol majeur, composé en 1984 est donc unique. Il requiert une grande virtuosité à tous les instruments. À travers les quatre mouvements, on trouve un dualisme entre les lignes mélodiques, entre les nuances, avec d’audacieux changements subits, ou encore entre les motifs répétés qui représentent un fort caractère expressif. Énergique et passionnant, ce Quatuor manifeste certainement le feu de l’âme de Fanny qui n’a pu suffisamment briller sur l’estrade publique.
La rencontre avec Kamila Stösslova en 1917 qui deviendra sa muse marque pour Janacek le début d’une liaison passionnée et d’une floraison de chefs-d’œuvre parmi lesquels figure le Quatuor n° 2 surnommé « Lettres intimes ». Grâce à l’exploitation des registres opposés, de l’homorythmie, de motifs répétitifs, de l’inspiration populaire, d’un lyrisme intense, cette œuvre composée seulement en trois semaines, porte le témoignage d’un moment de création particulièrement puissant. Si le compositeur tchèque a remplacé la viole d’amour primitivement imaginée par l’alto, ce dernier devient ici un soliste à part entière avec une ligne mélodique qui s’entremêle avec celles des deux violons. D’une virtuosité incontestable dans le traitement des cordes, parfois traitées comme des percussions, cette œuvre demeure l’une des compositions les plus importantes du compositeur.